Sur les fossés de La Baratte

-Bonjour Maître Marcel. Comment allez-vous ce matin ?

-Bonjour mon p’tit Jean-François. Oh, mes vieilles douleurs sont là ; il fait humide ; les fossés ne coulent pas.

-Justement, Maître Marcel, vous qui habitez La Baratte depuis si longtemps, que pensez-vous de nos fossés ?

-Ils ne sont plus entretenus, l’eau n’y coule plus, nos terrains sont engorgés. Rappelez-vous, Jean- François, quand votre maison a été inondée en 2001, c’était à cause de ça.

-Oui, de l’eau sur le terrain et sur tout le rez-de-chaussée, je me souviens !

-Moi j’y buserais tout ça et je poserais des p’tits trottoirs par dessus.

-Là, Marcel, malgré tout le respect que je vous dois, je ne suis pas sûr d’être d’accord avec vous !

-Y aurait plus l’herbe à couper ; ça ferait propre : plus d’entretien quoi !

-Et l’eau ?

-Elle coulerait dans les buses.

-Les buses contiennent au moins 4 fois moins de volume d’eau. Qu’est-ce qui se passerait en cas de fortes pluies ? Et puis, avec la terre sableuse qu’on a, elles seraient vite bouchées…

-C’est pas très souvent, les pluies abondantes.

-Non mais rappelez-vous le printemps 2001 et puis les 2 derniers hivers ont été pluvieux : on n’est pas passé loin.

-On pourrait au moins mettre des demi-buses : ça faciliterait l’entretien…

-Daller le fond, pourquoi pas. Mais il ne faudrait pas que quelque-chose d’étanche remonte sur les côtés. Le fossé « tire » l’eau des parcelles ; l’eau ne se contente pas de couler au fond ; elle sort par les côtés du fossé dès qu’elle est plus haute que le fond. D’ailleurs on voit des filets d’eau latéraux.

-Alors qu’est-ce que vous suggérez, mon p’tit Jean-François ?

-Eh bien, pas grand-chose : juste que les fossés restent des fossés. Ne pas se contenter de les faucher : en coupant et laissant l’herbe, on apporte de la matière au fond, ils se bouchent plus vite. Il faut les entretenir, c’est-à-dire les creuser.

-Quand j’étais jeune, y avait le cantonnier qui passait tous les ans : le Père Pichard, il s’appelait ! Il avait la pelle et le râteau sur la mobylette ; et les fossés étaient nickel !

-A l’ancienne tous les ans ou à la pelle mécanique tous les 2 ans, c’est écologique, c’est efficace, c’est pas très cher et ça fait du travail pour un gars.

-Un gars de la commune, de préférence. Eh bien là, mon p’tit Jean-François, je crois que vous avez raison.

-Pour une fois, Maître Marcel, d’habitude c’est vous ; et tâchez de soigner votre dos !

Jean-François CHERITEL,

habitant de la rue Saint-Fiacre, à Saint-Éloi